La maison sur la colline

Colin C. Bell

Nong vivait avec les siens dans un petit village du Sud-Est asiatique. C’était une famille de fermiers, comme la plupart des autres familles de ce village. Or, toutes ces familles avaient construit leur habitation à proximité de leurs champs, dans la grande plaine, à l’exception de la famille de Nong, dont la maison se tenait seule au sommet de la colline.

 

Comme leurs terres étaient néanmoins situées dans la plaine, les parents de Nong devaient, chaque jour, descendre et remonter la colline. À l’époque de la moisson, il leur fallait, à grand peine, acheminer la récolte de riz jusqu’à la grange familiale qui se trouvait tout en haut. Et comme l’école, elle aussi, était située dans la plaine, Nong devait, chaque matin, descendre la colline et la grimper le soir pour rentrer au logis. Un jour, fatigué de cet état de choses, il s’en ouvrit à son père :

― Papa, ce n’est pas juste. Chaque jour, il me faut descendre et remonter la colline, alors que mes amis ont la vie facile. Qu’est-ce qui nous oblige à vivre là-haut ?

Son père prit un air pensif puis finit par répondre :

― Je ne sais pas pourquoi au juste nous vivons là-haut. Notre maisonnette remonte à plusieurs générations et je suis heureux d’y habiter. Pour te consoler, dis-toi que nous sommes les premiers à voir le soleil se lever et les derniers à le voir se coucher.

Il en aurait fallu davantage pour persuader Nong.

― Mais il nous faut travailler plus dur que tout le monde et moi j’ai plus de chemin à faire que tous les autres !

― Oh ! tu ne devrais pas te plaindre, lui reprocha son père. C’est Dieu qui nous a donné cet endroit et nous devons nous montrer reconnaissants.

Toutefois, Nong n’était pas convaincu. Il aurait tant voulu vivre en bas dans la plaine.

Quelques jours plus tard, les nuages s’amoncelèrent au-dessus du village. Comme c’était juste quelques semaines après la moisson, les villageois scrutaient le ciel avec anxiété : qu’adviendrait-il de leur récolte, de tout le riz qu’ils avaient engrangé ? Mais le temps continua d’empirer et le ciel s’assombrit encore. Alors arriva ce qu’on n’aurait jamais osé imaginer. Des pluies torrentielles s’abattirent sur le village. Il  plut sans cesse pendant des jours et des jours. Toutes les demeures et les terres de la vallée furent inondées, toute la moisson, toutes les récoltes détruites. Une seule maison demeurait intacte : la maison en haut de la colline. Par conséquent, les villageois s’y réfugièrent et tout le monde remercia le Ciel pour la maison de Nong et pour le riz que sa famille avait pu préserver.

― Maintenant, fit son père, le regard empreint de douceur, es-tu content que nous habitions sur la colline ?

Avec un sourire embarrassé et un petit hochement de la tête, Nong fit signe que oui.

 

Il nous arrive souvent de nous plaindre quand nous avons des difficultés, et nous sommes tentés de penser que la vie n’est pas juste — autrement dit, que Dieu n’est pas juste... Mais si nous acceptons les choses que Dieu permet dans notre vie, un jour ou l’autre nous verrons qu’Il peut transformer nos épreuves et nos handicaps en véritables bouées de sauvetage, que ce soit pour notre bénéfice ou celui des autres.

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